L'enceinte de l'église
Des traces de cette enceinte marquent encore le paysage. Une partie des fossés est encore visible. Quelques habitants du bourg se souviennent de leurs jeux sur la"colline".
M. Julien-Barré de Saint Venant (voir note 1 de bas de page) décrit cette enceinte dans un article "La vieille Sologne militaire et ses fortifications" paru, en 1891 et 1892, dans les bulletins de la Société Archèologique du Vendomois.
Il fait remarquer qu'on ne doit pas s'étonner de ne pouvoir aisément restituer l'ancienne phiysionnomie de ces restes situés en plein village. Et surtout, il apporte cette précision : "Beaucoup des enceintes en terre qui montrent encore, en grand nombre, leurs restes sur notre sol, et en particulier en Sologne, sont à tort attribuées aux Romains ; elles ne remontent le plus souvent pas au-delà de cette dernière période du haut Moyen Age".
Voici sa description complète faite à la fin du XIXeme siècle :
Cette enceinte est fermée de trois côtés par un vaste fossé de près de 20 mètres de large, ,de 2,50 m à 1,50 m de profondeur encore en partie rempli d'eau.
Du côté de la contrescarpe se trouve sur ces trois faces, un parapet de terre, mais seulement très bien conservé à l'est.
Au saillant M, se voit un mamelon et un saillant, deux mottes contiguës, M N, séparées par un fossé profond et étroit amenant l'eau dans les grandes douves.
La motte M, qui occupe l'angle S.-E. de l'enceinte est restée en fiche, ce qui explique la parfaite conservation de sa forme tronconique : elle mesure 35 mètres de diamètre à la base, 5 m à la plateforme et 6 m environ de hauteur. La culture a applani considérablement la motte voisine N, et il lui reste tout au plus, un relief de 3 ou 4 mètres. [..] La disposition de cet ensemble est assez spéciale. D'ordinaire, la principale motte est plus ou moins complétement enveloppée par le plus important des fossés. Au cas actuel, les mottes, hors de l'enceinte, ne pouvaient que difficillement communiquer avec son intérieur à travers le large fossé, et de plus, les parapets de terre sont eux-mêmes extérieurs : on croirait avoir affaire à des ouvrages de circonvallation.
Le quatrième côté du quadrilatère de la place a utilisé, comme défense naturelle le versant assez rapîde du vallon d'un ruisseau entouré de prairies basses, dont on a simplement augmenté l'effet défensif par de légers retranchements, visibles encore en D.
On ne peut reconnaître de traces de fossés aux pieds de la motte M, qui contrairement à l'usage était peu couverte ; sans doute, le fossé G doit être un reste de celui d'une baille ou enceinte extérieure, mais il n'a jamais du avoir une bien grande importance.
Ce fossé semble s'être continué à l'Ouest, où se voient encore de légers plis de terrain, peut être même jusqu'en F I, qui est un chemin creux accédant au ruisseau.
Il faut dire qu'au cas actuel, tous les intérêts sont conjurés pour faire disparaitre de tels restes qui se trouvent en plein milieu d'un village à portée de toutes les convopitises, et il ne faut pas s'étonner de ne pouvoir aisément restituer l'ancienne physionnomie des lieux, pour bien étudier le mode de fortification.
Carte postale du début du XXeme siècle.
L'oppidum
E.-C. Florance (voir note 2 de bas de page), président de la Société d'Histoire Naturelle et d'Antropologie de Loir-et-Cher, à Blois, a repris la description de Saint Venant dans un bulletin de cette société "L'archéologie préhistorique, protohistorique et gallo-romaine en Loir-et-Cher" en 1928.
Il apporte quelques commentaires : "L'enceinte de Courmemin est une des plus petites à laquelle on puisse donner le nom d'oppidum. [..]De trois côtés elle est formée par un large fossé de 20 m de largeur, encore presque entièrement rempli d'eau et formant un grand vivier dont l'eau est retenue par une bonde.
[..] "Tous les oppidums ont ou ont eu une Motte ou enceinte de chef, quelques fois plusieurs ; celui-ci, quoique-petit, en a eu deux qui sont situées en dehors de l'enceinte, à l'extrémité du saillant sud, séparées seulement par le grand fossé. Aussi ces buttes sont-elles antérieures à l'oppidum et construites bien auparavant ; ce sont d'anciens postes d'observation. Elles ont encore servi à l'Age du Fer, c'est évident".
note 1 - Julien Barré de Saint-Venant, Inspecteur des Eaux-et-Forêts, a occupé différents postes à responsabilité, en forêt d'Orléans, dans le Nivernais et en Sologne. Observateur, bon géomètre, il a dressé des plans que ce travail reprend sur diverses pages. Ses publications, de 1887 à 1910, montrent son intérêt pour la préhistoire (tailleries de silex en Touraine, polissoirs néolithiques...), l'histoire (voies romaines, anciennes forteresses...) et même pour ce qu'on appellerait aujourd'hui l'archéo-botanique (les voies antiques décelées par la nature de la végétation).
note 2 - Ernest-Camille Florance fut Président de la Société d'Histoire Naturelle et d'Anthropologie de Loir-et-Cher. Il eut le grand mérite de réaliser un inventaire départemental des restes archéologiques apparents et connus alors : mottes, remparts, grands fossés, sépultures, restes de métallurgie. Il s'était largement inspiré de Saint-Venant dont il a repris et popularisé les plans dans des écrits qui vont de 1910 à 1930.
note 3 - voir dans la rubrique "photographies" , les clichés de la Région Centre- Val de Loire, Inventaire général, Robert Malnoury photographe, montrant l'environnement de l'église en 1976.
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